Edito février 2003

EDITO: VIOLENCE OU LA MANIE DE LA MANIPULATION

 

 

Nous n’avons pas la prétention de donner une réponse simpliste à cet épineux sujet qui fait partie de notre vie quotidienne et dont bon nombre d’entre nous souffrent physiquement et moralement. Notre devoir est de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas ou essaient de cacher la vérité pour de multiples raisons :

 

- Il est vrai que la manipulation des statistiques relatives aux violences dans les écoles donne satisfaction aux uns et aux autres. Tout ministre, quel que soit son appartenance politique, a intérêt en cette période électorale, de faire croire que tout va bien dans nos écoles ; à l’inverse,toute sa carrière politique serait mise à l’épreuve ! On multiplie ainsi le nombre de commissions, on envoie des circulaires aux Chefs d’établissements, on nomme des experts et quelques semaines après, on ferme les dossiers jusqu’au prochain incident.

 

- La violence est un sujet délicat pour nos responsables politiques et nos supérieurs hiérarchiques. C’est l’autre ou les autres qui sont coupables, sans pouvoir ni vouloir désigner quelqu’un. C’est un sujet sensible, il vaut mieux éviter la citation. « Mineur- Banlieue- Chômage- Ouvrier -Immigré» qui sont des mots qui conviennent parfaitement et ne froissent personne, comme si tout mineur était délinquant ou tout banlieusard, hors la loi et tout fils d’immigré, terroriste potentiel. Les équipes pédagogiques supporteront la douleur physique et psychique et le Ministre leur adresse ses remerciements.

 

- Quelques syndicats ont eu l’idée de voler au secours de leurs amis politiques en espérant récupérer les miettes que le pouvoir a bien voulu leur laisser et en espérant, plus tard, assurer la cogestion du ministère de  l’éducation nationale et des rectorats. Ces syndicats demandent à leurs sympathisants d’assurer la surveillance devant les portes de classes, dans les couloirs et aux  abords des établissements, bref  ils reconvertissent les enseignants avec des tâches qui ne sont pas les leurs.

 

- J’aurais bien aimé que nos responsables politiques et hiérarchiques nous parlent aussi de la violence exercée de leur fait sur l’ensemble des personnel dans nos lycées et dont les dégâts sont aussi importants que ceux engendrés par les élèves. Parlons de l’autoritarisme, du harcèlement, du mépris, de la violence verbale, du chantage … .Vos témoignages fréquents sont les reflets de cette réalité et la manière dont nos établissements sont gérés. Nos interventions restent souvent sans réponse de la part des responsables pour ne pas gêner la carrière de tel ou tel.   

 

- La violence à l’école n’est pas unique. Il y a dans nos établissements des violences d’origines diverses et la souffrance de nos collègues est le résultat d’un cumul de faits violents.

 

- Lorsque nos responsables arrêteront de penser uniquement à leurs carrières politiques et administratives et accepteront l’idée que la violence est l’affaire  de tous y compris d’eux-mêmes, lorsqu’ils apprendront à respecter l’effort de chacun et à écouter les membres de l’équipe pédagogique et éducative, un pas de géant sera accompli dans la lutte contre la violence.

 

- Les évènements qui se sont déroulés dans nos établissements, depuis le début de la rentrée scolaire, et dont nous avons été solidaires, menant l’action avec vous, montrent bien que toute action individuelle est inefficace. Elle est en même temps la porte ouverte à des chantages et à des menaces de la part des responsables. La solidarité, la concertation, l’information, l’action syndicale, elles, sont les moyens authentiquement efficaces pour lutter contre les violences de tout genre. 

 

André SEMAAN