Edito mars 2003

 

UN TRISTE CONSTAT DE L’EVALUATION DES ENSEIGNANTS

 


 

Depuis deux ans, nos critiques à l’égard de la notation pédagogique et administrative, pour sensibiliser les responsables académiques et le corps d’inspection, sur la réalité et l’injustice engendrées par des pratiques devenues quotidiennes, se sont avérées malheureusement trop exactes et ont pu révéler un certain corporatisme de complaisance au sein de ce corps.

 

Derrière l’indépendance, la neutralité et le souci de pratiques pédagogiques de qualité - ce que devrait souhaiter au moins chaque membre de la communauté éducative pour l’intérêt de notre système éducatif - de nouvelles habitudes au fil des années se sont développées au profit exclusif d’une administration à la recherche de nouveaux outils de sanction et de récompense.  

 

Il est inacceptable et choquant de voir des collègues humiliés et accusés d’incompétence pédagogique, après des années d’exercice,  licenciés en cours d’année scolaire quand ils sont contractuels, mis à la retraite anticipée quand ils sont titulaires, tant d’autres dont les notes pédagogiques sont baissés ou augmentés par leurs inspecteurs, suite à une demande formulée par les chefs d’établissements. Combien de fois, des inspections sont-elles ordonnées par les supérieurs hiérarchiques pour régler des conflits relationnels ou pour sauver la face en cas de blocage au sein d’un établissement!  

 

L’offensive de décentralisation  et de déréglementation rampante de l’Education nationale  n’échappe à personne. Le respect de notre statut national, qui fixe le cadre du déroulement de notre carrière, et donc de notre encadrement pédagogique, est la garantie contre toute dérive d’ingérence du monde politique et des intérêts corporatistes, dont le mercantilisme irresponsable pousse à l’éclatement  du service public et laïque.

 

Dans un très récent rapport du Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole, ce dernier juge le dispositif actuel comme «  peu équitable et peu efficace, il entraîne malaise, et parfois souffrance, chez les évalués et les évaluateurs » ; «  le dispositif actuel n’est pas juste car tous les personnels ne sont pas traités de la même manière, pour différentes raisons :

-          les critères d’évaluation ne sont pas toujours connus des évalués,

-          les conditions des inspections sont différentes selon les lieux d’exercice, le corps, voire les inspecteurs,

-          les rythmes d’inspections sont dissemblables…

 

Ces différences se traduisent par des injustices, car le dispositif de notation a des conséquences non négligeables sur la carrière et les rémunérations des enseignants. »

 

De plus, « le dispositif actuel est peu efficace et a peu d’effet sur les pratiques individuelles et collectives des enseignants ».

 

Ce n’est pas le S.N.E.T.A.A. qui le dit…Mais pourquoi de telles dérives ? Chercherait-on à dérégler un système qui a fait ses preuves ? Nous ne sommes pas dupes et nous refusons d’entendre les sirènes de la régionalisation et de la privatisation.

 

Le Secrétaire académique,

André SEMAAN.