ENTRE LA COURSE AU LOBBYSME ET LE PIEGE A CONS :
UN CORPS PROFESSIONNEL ET UN SYNDICAT SONT SACRIFIES DEFINITIVEMENT
Dire qu’il y a encore un syndicalisme indépendant, fidèle à la Charte de Toulouse ou à la Charte d’Amiens ou bien à n’importe quelle Charte à laquelle on a fait référence à un moment donné, c’est prendre le corps enseignant pour innocent, ignorant voire ---- pour un pauvre simplet.
Après la grande victoire de la gauche aux élections régionales, nos amis, les dirigeants de l’organisation syndicale qui prétend encore défendre l’enseignement professionnel ont sans doute ( ?) cru bien faire en courtisant, avant n’importe quelle autre organisation syndicale, les présidents, fraîchement élus, des régions dans l’espoir de créer des lobbies au sein des régions. Ils pensaient peut-être que ces « locataires », sensibles à ce geste d’allégeance, leur donneraient quelques miettes de pain sec sous la table des seigneurs.
La franchise de nos amis, les présidents des régions, fut d’une extrême clarté et d’une cohérence totale avec leurs intérêts électoralistes.
Nos amis, les présidents, sont à 95%pour la formation par alternance. Cohérents avec eux-mêmes, pourquoi se cacheraient-ils derrière leurs petits doigts ? On sait que ces présidents de régions sont les premiers bénéficiaires et promoteurs de la formation par l’alternance. Aller les courtiser au nom du syndicalisme et au nom des syndiqués, c’est l’aveu d’une bassesse et la preuve d’un arrivisme que chaque interlocuteur a pu savourer d’autant qu’il les attendait avec impatience depuis plusieurs années.
Nous ne sommes pas là pour critiquer les présidents des régions mais pour mettre en évidence l’hypocrisie d’un discours syndical vide de sens dont quelques uns se servent encore volontiers pour cacher d’une part leur défaite personnelle et camoufler d’autre part l’alliance avec des organisations politiques et des corpuscules idéologiques, à la recherche de nouveaux centres d’intérêts par suite à des échecs et des trahisons aux missions qui leur ont été confiées. Certains n’hésitent pas à afficher au grand jour leur volonté d’atteler le premier syndicat de l’enseignement professionnel et de l’affilier à un parti politique.
Chers amis, personne ne doute que la peau de l’ours a été vendue lors du dernier congrès de TARASCON SUR ARIEGE. Quel courage et quelle fidélité à l’enseignement professionnel que d’avoir confié la rédaction de la motion de l’enseignement professionnel à un ancien responsable de l’enseignement privé !
Chers amis, qui a signé au mois de juin 2004 le projet du Recteur BLOCH avec le Ministre de l’Education Nationale pour introduire l’alternance de façon officielle et définitive dans nos lycées professionnels ?
Votre attitude est impardonnable, l’agitation dans nos LP est grandissante, le refus de votre politique syndicale s’affiche au grand jour dans la plupart de nos établissements. Vos syndiqués n’ont même plus le courage d’afficher leur appartenance syndicale par peur d’être ridiculisés. Vos pétitions et vos appels communs avec le SNUEP, l’UNSA, la CFDT pour l’enseignement professionnel ne peuvent qu’ajouter le ridicule au ridicule ! …
Quel lobbysme ! Vos amis des régions frappent aux portes de nos établissements avec votre consentement. La dernière tentative est le projet « Réussite pour tous », avec lequel la région affiche de manière évidente sa volonté de s’emparer de l’Education et de privatiser d’abord surtout l’enseignement professionnel.
Pouvez-vous répondre aux interrogations des enseignants ? Ayez au moins le courage de défendre votre lobby !
- Pourquoi la région devrait-elle suppléer l’éducation nationale dans sa mission première : l’aide à l’insertion de tous les jeunes ? Dans ce cas à quoi sert la MGI ?
- Qu’en est-il de l’égalité des chances des jeunes ? Une région richement dotée suppléera peut-être convenablement aux carences de l’Education Nationale et des rectorats. Qu’en sera-t-il des autres ?
- Pourquoi faire appel à des interlocuteurs extérieurs et multiplier les intervenants alors que le savoir faire des enseignants va au-delà du simple enseignement des disciplines ? Si effectivement les enseignants ne répondent pas suffisamment aux difficultés rencontrées par les jeunes, pourquoi ne pas envisager de les former à d’autres pratiques, à d’autres savoir faire ?
Les enseignants n’ont pas besoin de votre lobbysme, ils ont besoin de gens honnêtes à leurs côtés et non d’arrivistes et de carriéristes. Les élections professionnelles s’approchent. Par pitié, dites la vérité et arrêtez le mensonge. Sinon le piège à cons se refermera sur vous.
André SEMAAN