Edito : Les S.E.G.P.A.,
victimes des dégâts collatéraux ou d’un chantage politique?
On
a pris l’habitude de parler de dégâts collatéraux quand des victimes imprévues
subissent les affres de la guerre. Par ailleurs, on ne peut invoquer la
fatalité à propos de la casse d’un outil pédagogique. Soutenir un chantage
politique serait un acte irresponsable, impardonnable et mériterait d’être
sanctionné, surtout quand la finalité de l’action n’échappe à personne.
La
casse, sans précédent, de nos établissements
scolaires (les S.E.G.P.A.) qui ont pour
mission de former des jeunes en difficultés, a plusieurs objectifs, dont
certains sont déclarés et d’autres
inavoués et inavouables parce qu’ils découlent d’une politique
conceptuelle, élaborée depuis quelques années par des hommes de pouvoir et des
« intellectuels » qui, quel que soit le désastre subi par nos
enfants, n’abandonneront pas l’idéologie qui les porte.
Notre
engagement dans cette crise nous a révélé les points suivants :
-
Aucun
responsable au niveau du Rectorat n’était capable de nous indiquer la manière
dont nos collègues, touchés par les suppressions massives d’heures et de
sections, vont être gérés à la rentrée prochaine.
-
Le
mépris, affiché par ces hauts responsables académiques à l’égard de nos collègues
n’échappe à personne, de l’aveu même de ces responsables. « Un haut
fonctionnaire est un décideur et non un gestionnaire » a-t-on pu
comprendre. Il n’est pas là pour s’occuper de la gestion des carrières de nos
collègues, ni de l’avenir de nos institutions, ni de l’argent public qu’on lui
confie.
-
Ainsi,
les responsables académiques pourraient aussi bien être attentifs aux malheurs
des enseignants pour aider le pouvoir en place qu’être agressifs vis-à-vis
d’eux pour saboter l’action du gouvernement ! En d’autres termes, ils sont
arrangeants, quand leurs amis politiques sont en place et cassants quand leurs
adversaires sont au gouvernement.
Comment ne pas dire aujourd’hui que le mépris pour nos
collègues, nos établissements, nos élèves et leurs familles est total, quand on
apprend que le triste sort de nos S.E.G.P.A. avait
été décidé, il y a cinq ans ! Le hasard de l’alternance faisant
bien les choses, c’était maintenant le moment idéal pour les concepteurs d’un
projet aussi négatif - la casse de nos S.E.G.P.A. -
de le mettre en œuvre, en profitant de la conjoncture actuelle du pouvoir pour
éviter tout discrédit : responsables, mais pas coupables !
La
logique libérale consiste à donner la gestion de la formation professionnelle
aux décideurs financiers, par le truchement de la Région, d’où l’importance des
effets destructeurs sur les personnels (statuts, postes…), comme sur
l’orientation et la qualité de nos formations
professionnelles.
Ceux
qui, parmi nous, croient que la gauche a fait ou fera mieux que la droite pour
la formation professionnelle initiale, n’auront que leurs illusions pour se
consoler.
Pour
la gauche, la formation professionnelle publique des jeunes est une poubelle
d’où l’acharnement de tous les syndicats et des « intellectuels »
avancés contre cette formation. Le collège unique, le lycée unique, l’école
obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans, sans orientation avant la classe de
seconde ; la « démocratisation » de l’enseignement avec
l’abandon, de fait, de la scolarité obligatoire, par la promotion de
l’alternance dès le collège, et 80 % des élèves restants au BAC, quels que
soient les moyens nécessaires pour
arriver à ce pourcentage trompeur ! Les S.E.G.P.A.,
les L.P. sont des foyers à connotations ethniques et
communautaristes, paraît-il, et ce
serait pour cette raison qu’il faut les éliminer. Voilà les propositions de la
gauche et sa conception pour aider nos formations professionnelles.
Il
n’est pas étonnant de voir quelques
syndicalistes attaquer le gouvernement,
le patronat …alors que la décision de fermeture de nos S.E.G.P.A.
a été approuvée par nos responsables académiques pour les raisons citées
ci-dessus !
Chers
collègues, la défense des élèves qui ont le plus besoins de nos formations, de
nos métiers, de nos ateliers, au niveau du collège, est avant tout un acte
citoyen, qui demande beaucoup de retenue et de recul vis-à-vis de nos
appartenances politiques ; la démagogie de nos responsables politiques et
administratifs fait partie d’un vieux jeu archaïque.
Mes
remerciements à tous les collègues, qui ont signé la pétition pour défendre les
S.E.G.P.A., à toutes et à tous qui auront à cœur de
continuer à signer et à nous renvoyer les pétitions. Une vingtaine de pages ont
été transmises à M. le Recteur et nous comptons sur vous pour continuer notre
action.
André
SEMAAN