Article paru dans le parisien du 04 mai 2004 (édition Val d’Oise)
400 élèves en difficulté privés d’école à la rentrée
ON LEUR A RÉPÉTÉ pendant des années qu'ils n'y arriveraient jamais, qu'ils n'avaient pas le niveau. Et pourtant, avec l'aide de professeurs à leur écoute, de personnes pour leur redonner confiance en eux, des classes en petit nombre, avec un programme fait sur mesure, les irrécupérables de l'Education nationale, démotivés, ont réussi. Mario est de ceux-là.
Prêt à tout
laisser tomber après le collège à
Villiers-le-Bel, il est désormais fier
de suivre une formation de mécanique. Même scénario pour Yvanis, à
Sarcelles, aujourd'hui en stage dans une
entreprise de plomberie, ou pour Elisabeth, de
Saint-Leu, qui est devenue une étudiante
épanouie après ses échecs à répétition au bac. Tous les trois ont pu bénéficier
des classes dites « de la dernière chance » grâce à la mission d'insertion de
l'Education nationale. Tout ce système est aujourd'hui remis en cause, faute de
crédits. Et la survie de ces classes à la rentrée est menacée. Pour les secteurs
défavorisés, comme l'est du département, « c'est une véritable bombe à
retardement », s'insurge Sébastien, coordinateur de Cippa (*) à
Sarcelles.
« Un véritable drame social » Hier après-midi, il est allé
manifester devant le rectorat de Versailles avec d'autres coordinateurs de Cippa
et de Morea (*) du Val-d'Oise pour lancer un cri d'alarme. « A
Sarcelles, à
Gonesse, on accueille dans ces classes
les jeunes qui cumulent tous les problèmes sociaux. On leur redonne une chance.
Les laisser de nouveau sur le carreau, c'est un véritable drame social »,
dénonce-t-il. En place depuis deux ans, Sébastien « récupère » à chaque rentrée
les jeunes sans solution après le collège. Dans le Val-d'Oise, 400 élèves sont
ainsi pris en charge chaque année. Ceux arrivés en troisième alternent cours et
stages en entreprise. Le but étant de les remotiver, de leur permettre d'accéder
à une formation, et de ne pas les laisser sans diplôme. « Sinon, c'est la rue »,
insiste Sébastien. Les Morea permettent aux candidats au bac ou au BEP qui ont
déjà échoué plusieurs fois, comme Elisabeth, de retenter leur chance dans de
meilleures conditions. Claude Etienne, responsable de la mission générale
d'insertion au rectorat, a reçu une délégation de manifestants hier après-midi.
Conscient de la situation, il avait déjà alerté le ministère. « Mercredi, le
recteur est allé faire part du problème au ministre, lequel s'est engagé à ne
pas remettre en cause la mission d'insertion pour la rentrée prochaine »,
rapporte-t-il, confiant. Tout en restant prudent : il incite les coordinateurs
concernés à émettre d'autres choix d'affectation pour l'année prochaine.
(*) Cippa : cycles d'insertion professionnelle par alternance (pour les élèves de plus de 16 ans sans solution après la troisième) ; Morea : module de repréparation aux examens.